Les lacs
On compte dix lacs sur le territoire de la communauté de communes La Grandvallière (cinq pour le Grandvaux historique) . Ils sont tous d’origine glaciaire.
Lac de l’Abbaye (commune de Grande-Rivière)
Lac des Perrets (commune de Grande-Rivière)
Lac des Brenets (commune de Grande-Rivière)
Lac des Rouges Truites (commune du Lac-des-Rouges-Truites)
Lac de Fort du Plasne (Commune de Fort-du-Plasne)
Lac du Ratay (communes de Chaux-du-Dombief et de St-Pierre)
Lac de la Motte ou d’Ilay (communes de Chaux-duDombief et du Frasnois)
Lac du Grand Maclu (communes de Chaux-duDombief et du Frasnois)
On pourrait ajouter le Lac à la Dame tout proche de Fort-du-Plasne (commune de Foncine-le-Bas) et le Lac de la Fauge, près des Piards (commune d’Étival).
Certains d’entre eux sont décrits sur le site de la DIREN
La Lemme
(Dans le passé, on écrivait et disait : L’Aime ou L’Ayme)
L’hydrographie du Grandvaux est caractérisée par la rareté des eaux de surface comme dans tout système karstique. Le seul cours d’eau notable est la Lemme qui prend sa source sous les Maisonnettes, hameau de Saint-Laurent et se jette dans la Saine en amont de Syam après avoir traversé le marais du Chaumerand (ou Pré des Iles), deux séries de gorges et sauté de 28 mètres à la Billaude.
La Lemme coule vers le nord et reçoit quelques affluents de faible importance comme le Bief Bouloi aux Martins ; à son entrée dans le Chaumerand, belle zone humide en cours de réhabilitation, ce sont le Saillet et le Bief Rouge qui la rejoignent rive gauche. À la sortie du Chaumerand, au Pont de Lemme, le ruisseau de Devant (ou des Baumettes) afflue rive droite. Cinq-cents mètres en amont de Morillon, à sa sortie du Grandvaux historique, la Lemme reçoit le Dombief qui prend sa source au nord du col de Trémontagne.
En poursuivant le descente de la rivière on note quelques affluents notables : le Quénot venant d’Entre-Deux-Monts rive droite, la Renvoise, une grosse source dans les gorges, enfin, au hameau de la Billaude, le Bief Faucon descendant de Châtelneuf.
La Lemme avait un débit suffisant pour actionner, aux XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs dizaines de moulins dont il ne reste que des ruines mais que l’on peut parfois encore situer. Dans les années 1920, un important projet hydroélectrique proposait de construire un barrage au niveau du Chaumerand et d’envoyer l’eau dans une conduite forcée pour la turbiner à la Billaude. Ce projet est décrit sommairement par l’Abbé Maillet-Guy dans son “Histoire du Grandvaux” mais les plans de l’ingénieur Moreau, à l’origine de cette idée, viennent d’être versés aux Archives départementales du Jura et feront prochainement l’objet d’une page sur ce site.
Si les eaux de surface sont modestes, il en va tout autrement des eaux souterraines. Le Grandvaux est drainé en profondeur par un réseau qui n’appartient pas au bassin de la Lemme, mais à celui de la Bienne, rivière coulant vers le sud. Ainsi, les deux bassins se superposent en partie sans que les eaux se mélangent. Il existe en outre une multitude de bassins fermés, certains très petits, d’autres conséquents, parsèment le plateau. Les plus importants sont le bassin du Loutre au sud de Château-des-Prés et celui du Bief de Nanchey dont les eaux parfois abondantes se perdent à Chaux-des-Prés. Toutes les colorations ont prouvé l’appartenance de ces systèmes au bassin de la Bienne. Nous devons l’explication suivante aux travaux de Robert Le Pennec.
Le bassin karstique de la Bienne
Par Robert Le Pennec
Association Spéléologique de Saint-Claude,
11, rue du Belvédère, F – 39200 SAINT-CLAUDE
La Bienne est un affluent de la rive gauche de l’Ain, dont le haut bassin versant topographique comporte de nombreux bassins fermés et des pertes de cours d’eau ou d’émissaires de lacs. Depuis plus de 30 ans, 72 essais de traçage ont permis d’apprécier l’étendue réelle de la zone karstique alimentant la haute vallée du torrent. Replacés dans le contexte structural du Haut-Jura plissé, ces traçages permettent une subdivision en 14 unités hydrologiques. La plus grande d’entre-elles, le synclinorium du Grandvaux, fait plus de 30 km de long et inclut la plus longue circulation souterraine de Franche-Comté, entre la perte de la Chaumusse et la source de l’Enragé. |
Bassin versant topographique
Vers le Nord, le bassin de la Bienne est séparé de celui de l’Orbe par le village des Rousses et le mont Risoux. Vers l’ouest, le secteur des Crozets est drainé de manière aérienne vers la Bienne, mais le bassin du Grandvaux est fermé autour du lac de l’Abbaye. Le ruisseau d’Héria se jette dans la Bienne à Jeurre, mais le lac d’Antre est situé dans un bassin fermé. La limite ouest, avec le bassin de l’Ain, est donc difficile à percevoir. Vers l’est, les reliefs des Molunes et Bellecombe séparent la Bienne de la Valserine. Au Sud, la limite topographique passe entre Oyonnax et Viry. Enclavée dans ce secteur, la dépression du lac de Lamoura n’a pas d’exutoire aérien. Ce grand secteur ainsi défini présente donc un nombre important de zones problématiques.
Structure
Le Haut-Jura est une succession de plis complexes d’orientation générale NE- SW. Les anticlinaux du Jurassique supérieur ou moyen chevauchent généralement vers l’ouest des synclinaux à cœur crétacé et tertiaire, souvent empâtés de dépôts glaciaires. L’ensemble des plis est tronçonné par deux grands accidents transverses : celui de Morez et celui de Saint-Claude, et les plis sont affectés transversalement par deux abaissements axiaux : celui de Morez qui fait chuter les axes de 200 m et celui du Flumen (de 400 m). La haute vallée de la Bienne traverse en cluse les reliefs du Haut-Jura : cluses de Morez, de Vaux-les- Saint-Claude, de Jeurre et de Dortan-Lavancia, mais elle suit un axe synclinal entre Morez et Saint-Claude. Les séries calcaires atteignent 1200 m d’épaisseur, et la Bienne les entaille sur 800 m, dans des gorges sauvages.
Traçages et détermination des limites
Ensemble du bassin :
Les sources karstiques sont situées au sommet des différents niveaux marneux, les plus importantes étant à la base du Séquanien. Plusieurs sources vauclusiennes ont un conduit terminal de plus de 50 m de profondeur : Bief Noir, 85 m; Doye Gabet, 77 m; Bief Goudard, 60 m; Brive, 56 m. D’autres émergences peuvent être masquées sous les dépôts glaciaires, surtout vers Lavancia où le réseau des Bracelettes est très peu connu.
Les traçages effectués dans le Haut-Jura montrent une tendance générale au drainage dans l’axe des plis : le secteur des Lacs de Bellefontaine et des Mortes résurge à la source de la Doye Gabet sur l’abaissement axial de Morez, la région comprise entre le secteur de Lamoura et la Pesse sur les émergences de celui du Flumen (MUDRY & ROSENTHAL, 1977). A partir des différents essais de traçage, des cours d’eau principaux et de la structure (sommets d’anticlinaux dans le sens longitudinal, zones d’élévation axiale des plis dans le sens transversal), on peut subdiviser le Haut-Jura en quatorze unités à drainage karstique.
Synclinorium du Grandvaux :
Les quatre zones majeures de drainage karstique du Haut-Jura sont le système de la Doye Gabet à Morez, le secteur de Lamoura-la Pesse, le système d’Oyonnax – Viry et le Grandvaux. Le synclinorium du Grandvaux est une zone relativement plane de 900 à 1000 m d’altitude. Les sources situées dans la vallée de la Bienne s’étagent entre 510 et 350 m. Un premier long traçage effectué depuis la perte du lac de l’Abbaye (FRACHON, 1965; MUGNIER & CHATELAIN, 1969) est réapparu à la source de l’Enragé. La source de l’Enragé qui est située dans la cour de l’usine Breuil à Chassal, a comme trop-plein la grotte de l’Enragé.
En 1994, 30 kg de fluorescéine ont été injectés au gouffre de la Tanne à la Chaumusse (LE PENNEC, 1987), dans le but de délimiter l’unité en direction de l’accident de Morez. 25 jours plus tard, le traceur atteignait la résurgence de Brive (27 km), et le lendemain la source de l’Enragé (distance : 29,5 km, vitesse apparente : 47,2 m/h). L’eau a été tracée pendant 3 jours, mais non visible à l’œil nu.
Cette relation souterraine, la plus longue de Franche-Comté, a montré une faible vitesse de circulation, comparativement aux autres traçages du Haut-Jura qui ont circulé à 100 m/h en moyenne.
Le Grandvaux est un synclinorium large au niveau de Saint-Laurent. Il se rétrécit au niveau de Leschères où il doit être chevauché par l’anticlinal du bois de Cuttura. La zone de sortie se situe donc dans le cœur d’un anticlinal pour l’Enragé, sur le flanc Est pour Brive, sur la rive gauche de la Bienne, à la faveur des écailles du Trunet. Cette unité hydrogéologique va donc de l’accident de Morez au nord à celui de Vuache-Molinges au Sud, sans qu’on puisse savoir si ces failles jouent un rôle de limite.
Conclusion
L’utilisation combinée du traçage artificiel et de l’étude structurale du Haut-Jura permet la délimitation de 14 unités hydrogéologiques dans le bassin versant de la Bienne. Le drainage karstique se fait principalement dans la direction d’allongement des plis, polarisé par les grandes structures transversales : accident et zone d’abaissement axial de Morez, accident de Saint-Claude et zone d’abaissement axial du Flumen, accident de Vuache-Molinges.
Le synclinorium du Grandvaux apparaît ainsi comme une grande structure triangulaire de plus de 30 km de longueur, de 100 km2 de surface, à drainage exclusif vers la vallée de la Bienne