Le patois grandvallier

Le patois du Grandvaux en tant que dialecte local a disparu au moins depuis le milieu du XXe siècle. Il n’en reste que des bribes et un abondant vocabulaire que l’on peut rapprocher des “parlers” du Haut-Jura et que les linguistes classent dans la famille du franco-provençal ou arpitan.

Comme partout, ces particularismes tendent à disparaître, même s’ils sont encore bien vivaces dans les générations nées avant 1960. Fait récent, mais peut-être un peu marginal : alors que l’on évitait d’employer ces régionalismes en dehors de son terroir de crainte de passer pour un “plouc”, certains les revendiquent au titre de l’originalité, des valeurs de ses origines et les considèrent comme partie intégrante de leur patrimoine. Et puis, il y a aussi le plaisir de taquiner l’interlocuteur étranger en parsemant la conversation de termes dont il ignorera le sens tout en faisant l’étonné devant ses interrogations. Mais ceci n’est pas propre au Grandvaux.

Ces mots sont pour beaucoup toujours utilisés au quotidien, de façon inconsciente, et en prenant parfois une large liberté avec la syntaxe officielle. D’autres termes tombés en désuétude dans la langue moderne persistent ici ainsi que dans tout le haut Jura ainsi que dans le canton de Vaud voisin.

La longue liste qui suit a été tirée de quelques ouvrages locaux cités en fin d’article, mais aussi de la mémoire collective des Amis du Grandvaux et des souvenirs personnels d’un membre de l’association.

À (au) : “la soeur à la Julie” et “le frère au Paul”

ABADER (s’) : arriver vite.  Ex : “Le Gaston s’abade vite quand il faut boire un verre”; aussi : “le feu s’abade dans la cuisinière” 

ABLETTE : Personne de petite ne taille, maigre, chétive.

ABOUCHER : Tomber vers l’avant, perdre l’équilibre. “La tête me tournait, j’ai failli aboucher

ABOUCHON (se mettre à l’) : Etant assis, placer sa tête sur ses avant-bras, qui reposent sur le bord de la table. “Après dîner, pour faire son midi, il ne se couchait pas; il se mettait à l’abouchon un moment sur le bord de la table“.

ACRAFI : fatigué, sans ressort.

ACCUCHER : entasser le foin (mr)

ACOUVACHÉ : accroupi, avachi.

ACU : cri pour faire avancer l’attelege

ADMINISTRER : dans l’expression “administer une correction“, cest donner une bonne correction.

AFFALé (être) : Etre écroulé. “Je me suis affalé“, entendu très couramment et qui signifie “je suis tombé”.

AFFOUAGE : lots de bois de chauffage que les habitants des communes forestières reçoivent gratuitement après le partage des coupes annuelles.

AFFREUX COMME : Exclamation renforcée, qui joue en quelque sorte le rôle d’un superlatif. “Affreux comme on a rit“.

AFFUBLER : Etre mal habillé.”Tu as vu comme tu es affublé”.

AFFUTIAUX : Vêtements. “Ils étaient vêtus de leurs beaux affûtiaux“.

AGATE : Bille de verre, parfois décorée d´un oeil-de-chat coloré, utilisée dans le jeu de billes ; Plus l’agate était belle, plus loin devaient se placer les tireurs.  

AGUILLER : se percher de manière instable.

AIDER : Construction dans le langage courant. “Nos gens ont eu des maux, c’est pas croyable : les enfants qui auraient pu leur aider se sont mariés” (Garneret, La Maison rurale en Franche-Comté).

AIMER À  (s’) : Se plaire à. “Je ne m’aime pas à Besançon”.

ALLER : 

  • Devenir ;”Elle est allée religieuse”.
  • Aller chercher, acheter, ramasser… ” Je vais au pain“, “La Paulette est allée aux mûres“.
  • Aller après les bêtes : soigner les vaches.
  • Aller à la bonne amie : courir les filles.

AMUSER :  tromper. “Il a amusé cette fille pendant des mois et puis il l’a laissé tombée”.

ANDAIN :  Largeur d’herbe fauchée d’un seul coup de faux.

APPOINTER : aiguiser. “Le père a appointé mes ciseaux de couture“.

APPONDRE ou Rappondre : Ajouter bout à bout, joindre. 

APPROPRIER : Nettoyer, rendre propre. “Approprier sa chambre”.

APRÈS : 1 – Sur : « La clé est après la serrure”, “J’ai de la boue après mon pantalon”. 2 – Peut exprimer une action : “Geneviève se met après ses devoirs”.

AREVOIR ou A r’voir : au revoir.

ARGAL : Personne au comportement difficile, un bon à rien. “Le Jean-François, c’est un drôle d’argal !”

ARGOT : Personne au comportement difficile.

ARQUER : Marcher à grandes enjambées. “Je suis si fatigué que je ne peux plus arquer“, signifie qu’il ne peut plus marcher.

ASSEZ : beaucoup ; “Il a assez traîné ses guêtres à Saint-Pierre avant la guerre”.

ATOUT : une gifle. “Si tu ne te tiens pas tranquille, tu vas avoir un atout

ATTENDRE UN MOMENT : Terme de menace. Attends un moment, tu vas voir !

ATTIGER : exagérer. “Tu attiges, je te l’ai demandé plusieurs fois”.

AUGE : abreuvoir. “Les vaches vont à l’auge”.

AVEC (viens) : Expression  utilisée pour “viens avec moi”.

AVIS (être d’) : Être d’accord, du même avis.

AVOINÉE : Correction, châtiment.  “Tu vas recevoir une belle avoinée“.

AVOIR : Utilisé à la place de l’auxiliaire être : ” Elle tombé”, “Il a resté”. Avoir besoin est suivi d’un verbe à l’infinitif au lieu d’une forme passive. “La cheminée a besoin de refaire”, “Les carreaux ont besoin de laver”

B

BACLER :  Vite expédié, vite fait, mais par forcément dans le sens de “travail mal fait”, qu’on lui connaît aujourd’hui “ça sera vite bâclé”

BAFRER : Dévorer, manger de façon gloutonne. “Il a bâfré à s’en rompre la panse”.

BAGAGER : Transporter.

BAILLER : donner (mr)

BAMBOCHE : Faire la fête

BARDEAUX :  Mince planche de bois en épicéa qui remplaçait la tuile. Synonyme de tavaillons.

BARDER : Déraper dans la neige ou la boue. (mr)

BARIA : Plateforme de voiture pour rentrer le foin. (mr)

BERCHE : Ébrechure. On dit de quelqu’un à qui il manque une dent qu’il est berche. (mr)

BARRER 

  • Enclore, fermer avec une barrière. “Barrer les vaches“.
  • Fermer, clore, clôturer. “Pour éviter qu’on ne te vole tes légumes, tu aurais dû barrer ton jardin“. L’expression barrer le mal signifie “faire des signes sur la partie du corps malade pour le guérir“.

BARREUR : Guérisseur. Celui qui barre les maladies.

BAPTAILLÉE : Façade couverte de tavaillons.

BAULON : voir bôlon

BEAU :

  • Bien : “Le foin est beau sec
  • Beaucoup : “Y a beau faire de patates à la cave pour l’hivers

BECQUER : S’embrasser.

BECQUERET : petite pioche de jardin.

BELET : un petit agneau ; un petit enfant.

BELIS : Copeaux de menuiserie ou de tournerie.(mr)

BENNER : Se renverser en parlant par exemple d’une charrette : “il a benné le chargement de bois en montant à la Chaux“. Synonyme de verser

BEROTE : une charrette

BEUGNE : une marque de coup, “Il a fait une beugne à l’auto”.

BEUGNER : Heurter, meurtrir ;  ” La voiture est toute beugnée”. Se cogner.

BEUYOT : Personne peu maligne, imbécile, idiote. (une beuyote)

BEZ : En bas, en aval. Hameau du du Grandvaux : “Il est né au Bez”.

BEZILLER : Se dit des bovins affolés par des piqûres de taons ou de guêpes qui fuient en levant la queue.(mr)

BIAUDE :   Blouse bleue des rouliers, et qui a finit par désigner toute sorte de blouse. Synonyme : roulière.

BIEF :   Ruisseau. On le retrouve dans le toponyme Clairbief (à Saint-Laurent).

BIEN :  Beaucoup.  “Y a plus bien de monde à la messe“.

BIGLER : Regarder avec insistance.

BIGO :   Houe à dents pour arracher les pommes de terre.

BISE :   Vent du Nord ou du Nord-Est. “Quand la bise souffle, c’est signe de beau temps”.

BISE NOIRE : bise de la lune rousse particulièrement froide. Vent caractérisé par un plafond de nuage bas et une baisse de la luminosité. 

BISE (à fond la) : Très vite, en prenant des risques. 

BISEBILLE : Etre en froid, en conflit, en dispute.

BISOLE : Zizi du petit garçon.

BIQUE : péjoratif. Fille haute sur jambe.”Une grande bique“.

BLAUDE : Blouse.

BOIS : On dit plus couramment le bois que la forêt. “On est allé se promener dans le bois“, « Je vais au bois« 

BOITE : fromage du Mont d’Or.

BOLOGNE : Betterave rouge.

BÔLON :  Pain d’orge séché que l’on cuisait 2 fois par an et que l’on devait parfois casser à la hache et humecter d’eau afin de pouvoir le manger. Particulier au Grandvaux. “Quand tu iras à la boulangerie de Saint-Laurent, tu me rapporteras des bôlons… Y ‘a que là qu’on en trouve.”

Lorsque Napoléon traversa Saint-Laurent, il, demanda pourquoi les jeunes étaient si grands et si fort. On lui répondit que c’était parce qu’ils se nourrissaient de bôlons. Une femme aurait dit aux jeunes gens : ” Sauvez-vous vite, il va vous prendre dans son armée !”

BONNE-AMIE : Fiancée, fille qu’un garçon fréquente, amante, maîtresse. “Tiens, t’as vu la nouvelle bonne-amie du Maurice, elle est bien gironde !”

BONSOIR : Employée comme soupir, comme plainte ou indiquant le dépit. “bonsoir de bonsoir !” ” Bonsoir ! Nous sommes peu de chose sur cette terre !”

BORNE  (caborne) grotte, caverne, gouffre. ( voir tane)

BOSTRICHE : Dégénérescence des épicéas et sapins causée par un insecte, le scolyte.

BOUILLE :   (Bouille à lait) , gros bidon de bois ou métal servant à porter le lait à la fromagerie, fait pour être porté par un âne ou sur le dos. “Le fromager n’a pas accepté son lait : les bouilles étaient sales“.

BOUQUET : petit sapin que l’on fixe au faîte du toit à la fin de la construction d’une maison.

BOURRE : perche en bois destinée à consolider la fermeture des portes de grange. (mr)

BOURRER : Fermer la porte à clef : “Marie, as-tu bourré la porte ce soir ?”

BRAMU : gueulard. “Le père M…, , c’est un bramu !”

BRANQUILLER : Boiter. A rapprocher de bancal.

BREILLER : patauger, mélanger. ” Arrête de breiller dans la terre !»

BREILLON : mal mélangé.

BRESI : Typiquement comtois, morceau de viande de bœuf séché, salé et fumé sous la cheminée. Les quartiers de bœuf séchés dans l’intérieur de sa cheminée et qu’on appelle brésils .

BRIQUE : Brique utilisée pour chauffer le lit.

BRIQUE : éclat d’un objet brisé. “ramasser les briques de verre“.

BROUILLASSER : bruiner.

BRULE : Odeur de brûlé. “Attention, le fer à repasser est trop chaud, ça sent le brûle!”

BUCHAILLES : Copeaux. “Va me chercher une poignée de buchailles“.

BUBU : cône de sapin ou d’épicéa.


C

CABE : vieille vache maigre.

CABOCHON : têtu. “Tu as un drôle de cabochon. Tu n’écoutes rien ! “

CABORNE : terrier de bêtes sauvages, grotte.

CAFIN : épingle à tête.

CAFOUILLER : Barboter dans l’eau.

CAGNE :   Animal de mauvaise race, vieux et sans valeur.

CAILLER : Faire froid.  « T’as vu à gauche comme c’est beau ?…ch´peux pas, ça caille trop !« . 

CAMP-VOLANT :   Nomade, gitan, bohémien.

CANER : avoir un malaise.

CANI : café, bistrot.  “En sortant du travail, il s´est enfilé au cani.”

CAQUE : Excréments. (le verbe est caquer).

CARCAN : vieux cheval

CATOLE : Excréments de chèvre ou de lapin

CATONS ou cattons :  Grumeaux.

CAUSER (se) : se courtiser. ” Le Pierre et l’Emilie se causent depuis les Cendres”.

CENT : un centaine. “Donne moi un cent de clous”

CENT DU CENT : cent pour cent

CHAILLET : petite cale de bois.

CHAIR DE POULE : Frissonner, avoir la chair de poule

CHALET :   Fromagerie coopérative.

CHAMBILLER : perdre l’équilibre, vaciller.

CHAMP LES VACHES (ALLER EN) : Garder les vaches à la pâture. Mener en champ

CHAPUSER :  Couper du bois en petits morceaux, mal travailler le bois.

CHARBONNETTE :   Petit bois transformé en charbon.

CHARETTE : Interjonction – Juron.” Charette ! J’ai oublié le pain sur la fenêtre”

CHARRIÈRE : Chemin pierreux (mr)

CHARRUE : chasse-neige.

CHAUSSINETTE : socquette.

CHAUX : Clairière naturelle à l’origine des pâturages estivaux puis d’établissement humain permanents dans les forêts du Haut-Jura. De nombreux villages portent le nom de Chaux (Chaux du Dombief, Chaux des Crotenay, Chaux des Prés…)

CHENEAU : chéneau.

CHENI : ch’ni. Poussières, balayures, saletés. ” J’ai un ch’ni dans l’oeil “, ” Passe-moi la pelle à ch’ni s’il te plait “.

CHEZ :

  • Les. (Suivi d’un nom de famille)
  • Les [notres] (suivi d’un pronom personnel) “Ils m’ont invité avec tout chez nous” = nous tous.
  • Chez est en quelque sorte explétif et devient un ensemble indissociable du nom propre dans une expression comme “Le poirier à chez Clément”. On peut comprendre : le poirier des Clément.

CHOUGNE : Bouse de vache. (mr)

CHOUINER : Pleurer, « Arrête de chouiner pour rien ».

CLAIR :  Clairsemé. “Il faut planter le maïs clair”, c’est-à-dire largement espacé.

CLAIRANT : (p. pr.) qui brûle, qui est allumé en parlant d’une bougie ou d’un cierge. “A la Chandeleur, la maîtresse essayait de ramener son cierge clairant à la ferme.”

CLAIRER : éclairer : “Clairer la lampe”, “L’ampoule est grillée, ça ne claire plus”.

CLOU : furoncle.

COCASSE : ombellifère. Les lapins n’aime pas les cocasses. Avec une tige de cocasse fendue, les enfants fabriquaient un petit instrument de musique.

COUENNEAUX : Dosse, (dosseau) produit au sciage d’un tronc. 

COFFE : les coffes des noisettes pas mures se détachent difficilement.

COMPTER : Croire, être sûr que. “Tu peux compter que j’ai eu froid

COMMERCE : bazar, “Quel commerce dans cette maison, la Julie ne fait pas son ménage”

CONTRE : Vers, dans la direction de. “On se dirige contre le grand bois“.

CORDE : Ancienne mesure de bois de chauffage (4 stères 70) (mr)

CORNE DU BOIS :   Coin du bois, extrémité du bois.

CORNET :   sac de papier pour emballage. “Passe-moi un cornet pour mettre les fruits“.

COUENNEAU ou couèno : dosse produite au sciage d’un tronc.

COULÉE :   Moment de la journée où les cultivateurs apportaient le lait à la coopérative.

COURATE : jeu d’enfant. Diarrhée.

COURATTER : Courtiser. “Le Louis courate après la Léonie

COURATIER : Qui court après les filles.

COUVI : Étui de bois attaché à la ceinture du faucheur destiné à la pierre à aiguiser. (mr)

COUVERT :   Couvercle.

CRAINDRE :  Avoir des égards pour, respecter. “Comme je craignais l’argent de mes parents”.

CRAMPER : se camper.

CRATET : dessus de la tête. “J’ai mal au cratet”.

CRET :   Sommet dans le Jura.

CRÉCELLE : cartilage. “Le père aime manger la crécelle des os”

CROC : fourche à quatre dents. ” Prends le croc et va aux patates”.

CROQUANT : groseille à maquereaux

CUGNE : jeu avec les poings. “Poing-Poing-Cugne !”

CUCHOT : Tas de foin

CUVEAU : baquet pour faire la lessive.


D

DADET : nigaud, niais

DAIES : Petites branches d’épicéa ou de sapin.

DÉCANILLER : Partir en vitesse

DÉCARPILLER : Démêler (mr)

DÉCUCHER : étendre le foin mis en tas. (voir cuchot)

DEGUILLER : Tomber d’une certaine hauteur. (mr)

DE DERRIÈRE : les hauteurs à l’ouest ; la Joux de derrière

DE DEVANT : hauteurs de l’est ; La Joux de devant

DÉFRUITEMENT (chemin de) : chemin de défrichement.

DÉGUILLER : faire tomber

DÉMURGER : déguerpir

DÉPÉCHER VITE (se) : Se dépêcher. “Dépêche-toi vite, tu vas être en retard !”

DÉPONDU : en lambeaux. “Ta robe est toute dépondue”.

DE QUOI : “avoir de quoi” : avoir de quoi vivre.

DESSOUS : sous : “Pierrot joue dessous la table”.

DESSUS : sur : “Les pots de confiture sont dessus le dressoir”

DEUX (les) : tous les deux, “On est allé au cinéma tous seuls les deux, la Denise”, “On a mangé les deux Françoise” (sous-entendu Françoise et moi).

DEVANT :   Tablier ; ”Mettre son devant

DÉVORER : déchirer, en lambeaux : “Le pantalon de Louis set tout dévoré”.

DIFFERENT : antipathique ; “Edmond n’est pas différent”

DISCONTINUER : Cesser. “Il a plu sans discontinuer”.

DIX HEURES (faire les) : Prendre le casse-croûte de la matinée.

DOUILLON :   Source survenant par forte pluie dans un champ. 

DOUILLATER : Écoeurer; “Les oeufs à la neige m’ont douillaté”. (Douillatu).

DRALER : partir roder, s’amuser. “La Nicole aime draler le samedi soir”

DRESSOIR : Vaisselier, buffet de cuisine.

DURE : Trouver le temps long; “j’ai la dure du Marcel depuis qu’il est au régiment”.

DURE : Pleine lune ; ” Semer en lune dure”.

DUVET :   Edredon.


E

ÉBAUCHES (les) : Partie de la maison formant grenier constitué d’un faux plancher de bois non dégrossi où l’on met sécher le bois rentré humide. Dans la maison de la Chaux, les ébauches étaient au-dessus de la grange et on été transformées en chambre à coucher. (mr)

ÉBORGNER : éblouir, rendre aveugle.

ÉBRIQUER : Faire sauter une particule d’émail, de peinture, de matière ( l’assiette est ébriquée).(mr)

ÉCHAILLER : Enlever la peau des noix et des noisettes.

ÉCHAUDER : se brûler avec de l’eau.

ÉCHINE : petit fragment de bois qui est rentré dans la chair.(mr)

ÉCHINER : se tuer au travail; “le Louis s”échine après sa maison ».

ÉCORNIFLEUR : curieux, indiscret

ÉCRENI  : Racorni, desséché.(mr)

ÉCRIGNOLE : Enfant ou malade chétif, mal venu.(mr)

ÉCUIRE : peau irritée et rougie. “Ce marmot a les fesses toutes écuites”. “Les sangle du sac m’écuisent les épaules”. “Je suis écuit sous les pieds”

EMBOQUER (s’) : Se rassasier, se bourrer. “Je me suis emboqué avec la purée de patates”.

ÉMEILLER (s’) : S’émouvoir, embarrasser, craindre d’entreprendre. “Les voisins étaient très émeillés“. Variante : être émeillé.

EMPATURER : entraver. (mr)

EMPOIGNER : Se mettre à. “On empoigne un travail”.

ENFAGOTÉ :  Mal habillé

ENTAMER (s’) : se blesser, avoir des escarres.

ENCASERNER : rester enfermé.

ENCHAPLER : marteler la faux pour obtenir un tranchant satisfaisant. Assis sur le sol, la petite enclume fichée en terre entre les jambes, le faucheur enchaple sa faux reposant sur ses genoux d’un battement régulier du marteau.(mr)

ENCOUBLER : entraver; “Voilà que je m’emcouble dans les branches tombées !»

ENSOUQUE : endormi à moitié.

ENTICHE : Etre amoureux fou; “Le Paul s’est entiché de la Bernadette à la Julie”

ENTRE : en commun; “Ils achètent un taureau entre les deux”

ENTREPRIS : maladroit, ne sachant pas comment faire.

ENTROUPER (s’): s’emmêler les pieds

ENVOYER : Envoyer quelqu’un faire quelque chose (construit avec un infinitif). “Si tu ne viens pas chercher la confiture, j’enverrai la porter”.

ÉPANCHER (s’) : Se vider. “Cet évier s’épanche dans la cour”.

ÉPANDRE : Jeter. “Elles becquetaient le grain que la patronne venait de leur épandre“.

ÉPLUCHER LA SOUPE : Éplucher les légumes de la soupe.

ÉPOUÉRA : Stupéfait, abasourdi (faire des yeux d’épouéra).(mr)

ESTOURBIR : Assommé, “Ma mère vient d’estourbir un lapin”.

EUTA : cuisine. L’euta était dallée de pierre et comportait la grande cheminée.

ÉVETTÉ : sans force, fatigué. (mr)

F

FACILE (avoir) : Pouvoir facilement. “On a facile de constater”, “Quand on connaît le modèle, on a facile de voir comment il fut arrangé”.

FACON (faire) : Venir à bout de. “Il faut l’attacher par les pieds que je vous dit, sans quoi vous n’en ferez jamais façon”.

FAIRE : Produire : “- Vous avez combien d’hectares ?” – On en fait encore vingt». Élever des bêtes : “On faisait beaucoup de cochons”.

FESSOU : outil de jardin arrondi, utiliser pour remonter la terre dans les sillons de pomme de terre, de haricot.

FIER : acide. “Elle m’a donné des pommes si fières qu’il m’a fallu rajouter plein de sucre”.

FIOLET : sifflet obtenu avec un petit morceau de bois dans lequel passe une boucle de ficelle. Le son est obtenu en vrillant la ficelle.

FION : parole blessante

FOUR (faire au) : Faire le pain à la maison et le cuire au four domestique.

FOYARD : Hêtre, fayard.

FOUTRE PERDRE : jeter, se débarrasser.

FRELOCHE : filet pour la pêche aux grenouilles et écrevisses.

FRUITIER : Fromager. D’un terme suisse du canton de Fribourg.

FROUILLER : tricher

FRUITIÈRE : Chalet où se fabrique le comté. Les fruitières sont originales aux montagnes du Jura, bien que le nom soit d’origine suisse. 

FRUITIER : fromager ; “Etre blanc comme une merde de fruitier !”

FUMÉ : Viande que l’on conserve en la fumant dans le Jura ou le Doubs, spécialement dans le “tué”. Voir ce mot.

FUT DIT, FUT FAIT : Aussitôt dit, aussitôt fait.

FUVE : épicéa

G

GADOUILLARDS : fruits de la viorne. Les fruits en grappes rouges deviennent noirs à l’automne. Les enfants mangent parfois quelques fruits malgré leur faible toxicité.

GAGUICHE : Poupée de chiffon. Fille de mauvaise vie.

GAILLE : Femme méchante ou de mauvaise vie.

GALANDURE : cloison.

GAUDES : 

  • Grains de maïs, d’où farine de maïs.
  • Plat traditionnel en Franche-Comté. C’est une bouillie de farine de maïs grillé et donc différente de la polenta italienne. Les gaudes ont constitué une des bases de l’alimentation franc-comtoise, tout en étant connues en Bresse et en Bourgogne. Le maïs est cultivé en Franche-Comté dès le premier tiers du XVIIème siècle. L’étymologie du mot est douteuse : peut-être à rapprocher du nom d’une plante de couleur jaune, la gaude.

Dans un discours à une réunion de Franc-comtois à Paris, en 1883, PASTEUR disait : “ce qu’on aime là-bas, vous l’offrez ici. Vous nous donnez les gaudes, ce plat du terroir de mémoire si grande que vous l’avez élevé à la hauteur d’une institution.”

Nous sommes les mangeurs de gaudes“, dit une ballade franc-comtoise, mais “mangeurs de gaudes” appliqué aux Franc-comtois est souvent péjoratif et l’on renchérit parfois : “Ils ont le derrière jaune”.

Un certain nombre d’expressions ou de dictons évoquent ce plat si apprécié : “Un gros plein de gaudes équivaut à ce qu’on nomme ailleurs un gros plein de soupe; “Piau (peau) de gaude” qualifie une personne au visage jaune et ridé; “Il est comme la peau des gaudes, il revient jusqu’à sept fois” signifie, il me fait perdre mon temps. “Ramener la peau sur les gaudes” c’est arranger une affaire ; “Souffler les gaudes, c’est ronfler.

Les gens du Haut-Jura appellent les gens de la plaine de Bresse («dans le bas») les Ventres Jaunes

GAUPÉ : mal vêtu, fagoté.

GÊNER DE QUELQU’UN (SE) : éprouver un sentiment de réserve et de crainte vis-à-vis de quelqu’un. “Le docteur on s’en gênait dans le temps”.

GLETTER : Geler, faire froid.

GLETTAU : fruit de la bardane.

GODIVEAU : Petite saucisse, genre chipolata.

GONFLE : avoir le sentiment d’un ballonnement de l’estomac. (Je suis tout gonfle – sans accent)

GOUILLE : flaque d’eau ou étang temporaire.

GOUINE : dévergondée.

GOUR : trou profond dans le lit d’une rivière.(mr)

GRABONS : Résidus de la fonte du lard.

GRANDVALLIÈRE : Train de voitures tirées par des chevaux pour transporter du bois.

GRAPILLON : montée raide

GRATACUL ou gratecul: fruit de l’églantier.

GRELUCHE : Fille sotte. Péjoratif – GRELU au masculin désigne un minable.

GREVILLER : Remuer avec une baguette, un tisonnier.

GROGNET : extrémité d’un pain.

GUETTER : Lorgner le travail de son voisin. (Langage scolaire). “Mon voisin n’arrête pas de guetter”.

GUICHE : Mèche de cheveu.

GUILLET : extrémité d’un sapin ou d’un épicéa, sommet.

HUCHER : crier pour appeler quelqu’un. (mr)

I – J

IDÉE : Avoir bien de l’idée : Etre intelligent

INSOLENTER : injurier.

JAUNOTTE : Pièce d’or : ” le Paul avait caché ses jaunottes sous les lames du parquet

JETER PERDRE : Se débarrasser de quelque chose.

JEU (avoir beau) : En voir de toutes sortes. “Sa robe verra beau jeu dans les margouillis du chemin”.

JOUR : (Faire du jour) déblayer un endroit de ce qui l’encombre

JOURNÉE FAITE (à) : Toute la journée. “Jean braconnait à journée faite”.

L – M

LÀ-CONTRE : tout près, “Pose ça là-contre“.

LAICHE : herbe fine des marécages.

LARMIER : Soupirail d’une cave.

LÉSINE  (ou laizine) : faille dans les dalles de calcaire qui peuvent être très profondes.

LEVER : Guérir, enlever, ôter. “Son père était guérisseur, il levait les brûlures”.

LICHETTE : petit morceau de pain pour faire “trempette”.

MACHURON : trace noire sur les mains, la figure. “Etre machuré“.

MAILLER : tordre.

MARQUE-MAL : De mauvaise allure. “Regarde le Jean-François, ce marque-mal !”

MARTEAU : Molaire.

MATAFAN : forme patoise de mate-faim. Crêpe épaisse pouvant contenir des pommes. (mr)

MAUX (avoir des ) : Avoir du mal à faire quelque chose. “Il avait assez de maux de fendre ses bûches“.

MEILLEUR TEMPS (avoir) : avoir intérêt de faire une chose plutôt qu’une autre, aller plus vite, “Elle a meilleur temps de faire une tarte“, “Il a meilleur temps d’y aller en voiture qu’à pied“. On utilise également l’expression “avoir aussi bon temps“.

MENER : Apporter. “Dans le temps, on menait le lait au chalet“.

MENÉE : congère ; “Il s’est pris dans une menée avec son cheval en rentrant du chalet

METTRE CUIRE : Quantité de légumes ou de viande préparée pour le repas. “La table servie d’un mettre cuire de légumes et de lard fumant“.

MI : petit baiser affectueux.

MIAUNER : pleurer, pleunicher en geignant.

MINCE : petit bois d’allumage. “prendre une poignée de mince pour allumer la cheminée“. (mr)

MITAINE : moufle en laine tricotée.

MOINNER : (prononcer moin ner): se plaindre constamment. (mr)

MONTÉE : Escalier. Voir le pléonasme : “La montée d’escalier“.

MONTER (se) : S’équiper. “Elle met de l’argent de côté pour se monter en cuisine“.

MORNIFLE : une claque, une gifle.

MOUCHÉE : une correction. “Je lui ai mis une mouchée après qu’il m’eut bousculé au bal”.

MOUïRE : saumure. “Et ce n’était pas de la soupe, c’était de la mouïre ! ” (A.Bailly-La Carcasse et le Tord-Cou)

MURGER : Muret de pierres sèches dans les champs, d’où amas de pierres, ruines. “La maison, croulant de toutes parts, ne devait bientôt être qu’un murger“. “Les pierres vont toujours au murger”  Dicton : Le sort favorise plutôt les riches que les pauvres

N – O

NEIGE DU COUCOU : Dernière neige, au début du printemps.

NEIGEOTTER : Neiger un peu.

NIAQUE : morve.

NIAULU : Râleur, pleunicheur.

NIE ou NILLE : articulation ; “Le temps va changer car j’ai mal aux nilles“.

NIFFLET : quelqu’un de difficile sur la nouriture.

NOUVA : (Nouvà) c’est la partie comprise entre cette petite écurie et la porte de sortie où l’on suspendait les harnais des chevaux.

OLPETTE : bien sous tout rapport. (mr)

P – Q

PAIRE DE (une) : Quelques. “Ils seront mûrs dans une paire de jours“. Expression très courante.

PANIÈRE : Panier, corbeille. “Les quatre enfants reprirent le chemin avec leurs panières de pommes”. On parle aussi de panière à linge, à pain.

PANTET ou PANTIS : bas de la chemise ; “rentrer le pantet dans le pantalon“. ” Etre en pantis, en chemise sans pantalon !

PANTOMINE : au lieu de pantomime

PAPET : Gâteau recouvert d’un flanc.

PARANEIGE : protection contre la neige dans les chemin creux ou voies ferrées.

PAS D’ÂNE : tussilage.

PAS TANT : Moins, pas autant. ” Ne me verse pas tant de café!”

PATACHON (patachonne) : personne sans ordre, bonne à rien.

PATINS : gros flocons de neige.

PATOUILLE : se dit d’une femme sans soin et malpropre.(mr)

PATOUILLER : Agiter un objet dans l’eau, s’ébrouer, jouer dans l’eau ou avec l’eau.

PATTE  :Chiffon à poussière, chiffon à récurer.- Pièce de tissu pour rapiécer. “Ce pantalon, faut y mettre une patte“.

PATTE à RELAVER : Serpillière. Synonyme : “Bâche”.

PATIER : Chiffonnier

PÊLLER : Travailler à l’aide d’une pelle. Débarrasser de la neige les abords de la maison.(mr)

PERSONNE : N’avoir vu, rencontré personne. “J’ai personne vu“.

PESSE : épicéa ; “Va voir jusqu’à la pesse si tu vois les gamins jouer dans le Rougebief

PÉTOLE : crotte de chèvre ou de chevreuil.

PÉTOCHE : Avoir peur.

PÉTOUILLER : hésiter, travailler sans efficacité.

PICAILLON : Pièce de monnaie de faible valeur.

PILLON : poil pelucheux détaché d’une étoffe. (mr)

PIQUE DU JOUR : Aube. “Le père est parti au bois à la pique du jour “.

PIVE : Fruit des conifères. “Les écureuils montaient le long des grands fûts droits… au haut desquels les pives, dans les rameaux supérieurs, pendaient lourds de la graine dont ils étaient friands”.

PLAQUE : fer à repasser ; “faire chauffer la plaque sur le fourneau”

PLATINE : rebord devant les anciennes cuisinières. “Faire sécher les chaussettes sur la platine du fourneau”.

PLIER : emballer, envelopper : “pour éviter la casse, je vais vous plier cette bouteille dans un journal“. (mr)

PLOT : Billot de bois servant à fendre les bûches.

PLOTET : parpaing de ciment ; “construire une maison en plotets”.

PLOSSE ou PELOSSE : fruit du prunellier très acide s’il n’a pas gelé.

POCHON : une louche ; “servir la soupe avec un pochon”. 

POÊLE : “On nomme de ce nom la grande salle du rez-de-chaussée, où l’on se chauffe, où l’on mange, où le plus souvent aussi l’on dort”. (Définition de A.Bailly-La Carcasse et le Tord-Cou)

POINT DE TEMPS : En un rien de temps, vite.

POINT D’HEURE (à) : A une heure indéterminée et tardive. “Il va encore rentrer à point d’heure“.

POINTU : Coureur de femme. ” Le Jojo est un pointu !”

POROT : poireau.

POUDRÉE : peite épaisseur de neige. ” Cette nuit il est tombé une poudrée

QUIGNON : entâme du pain ; parfois appelé  “le grognet“.

QUINQUET : petite lampe éclairant peu.

QUINSON : voix aigue, perçante. (mr)

QUOI (de) : Avoir assez . ” Après avoir hérité de son oncle, elle a de quoi!”

RACROT : par hasard. “je l’ai su par racrot”, parfois “Je l’ai su par acrot”.

RADÉE : Grosse pluie, averse.

RADINER : Arriver rapidement.

RAFOUILLER : Fouiller, chercher.

RAPETASSER (ou rapetasser) : raccommoder, mettre une pièce à un vêtement

RAFUT : Tapage, agitation, chahut. “Quel rafut là-dedans !” Variantes : rafu, raffut.

RANQUILLER : tousser.

RAMICOLLER : redevenir ami

RAPETASSER : mettre une pièce à un vêtement.

RAPONDRE : joindre bout à bout.

RAPONSE : ajout en bout à bout

RAPROPRIER : faire propre, réparer

RATA : mauvaise cuisine.

RATASSER : fureter.

RATE : Souris. Petite pomme de terre nouvelle.

RATER : Attraper les rats ou souris (en parlant d’un chat).

RATRAIT : Personne étrangère au pays, ne s’y installant que depuis peu de temps ou pendant les vacances.

RATTROUPER : Ramasser ; “Il a rattroupé toutes ses affaires”. Rassembler, réunir. “Les bestiaux qui se rattroupent sur le champ de foire”.

RAVAGEOT : enfant turbulent.

RAVOIR : Remettre en état. “Cette casserole est brûlée; impossible de la ravoir”.

REBIOULER : produire des repousses. (mr)

REBIQUER : Se mettre en épis (en parlant de cheveux rebelles).

RECHANGER (se) : Se changer. “Il s’est r’changé une nouvelle fois”.

RECHAUDE ou RECHAUFFE : se coucher sans avoir fait son lit.

REGARDANT : avare.

RELAVURE : Eau de vaisselle.

REMETTRE : reconnaître ; “J’ai rencontré le César, tout de suite je n’arrivais pas à le remettre”

REMISER : ranger, mettre dans la remise.

RENVERSER : Déborder. “La lait renversait sur le fourneau”.

RESSUYER : Sécher. “La terre est ressuyée, on va pouvoir labourer”.

RESTER : Habiter, demeurer.” Le Noël reste à côté des Farfouilles”.

REVENIR À DIRE : Dire sans cesse ou souvent. “Il revenait toujours à dire : ça veut bien s’arranger”. “Ca revient toujours à dire la même chose”.

REVOYURE : au revoir, à bientôt.

RIEN : Pas du tout. “J’ai rien dormi de la nuit”.

RINCER : Mouiller (sous une pluie violente). “On s’est fait rincer”.

RISOLE : gâteau frit, fait pour carnaval.

ROGNURE : renflement sur le pourtour des meules de Comté que le fromager découpe au démoulage. Celui-ci en faisait la distribution  aux enfants qui venait au chalet chercher le lait à la coulée.

RONDOTE (ou rondot) : cuve en bois de sapin pour la lessive, fromagerie…

RONNER : Maugréer, être de mauvaise humeur (prononcer ron-ner). Un ron-nu est quelqu’un qui est bougon.(mr)

ROULIER : Charretier, transporteur. Activité importante du Grandvaux avant l’arrivée du chemin de fer.

ROULIÈRE : Blouse bleue des rouliers.

ROUSTI : Brûlé.

RUCLER : brûler par une flamme. En ouvrant le fourneau, les flammes m’ont ruclé les poils du bras”. Expression : sentir le ruclé.

RUMI : Brûler, par exemple un tissu sous un fer à repasser. “Ca sent le rumi”

S

SABRÉE : Averse.

SACHE : grand sac de toile. “remplir une sache de copeaux”. (mr)

SARCLERET  ou SARCLOT : sarcloir de jardin, un côté est plat, l’autre pointu.

SÉCHON : personne maigre

SAPRÉ : Sacré. Emploi familier, renforce le sens du substantif. “C’était une saprée coureuse de bals, celle-là !”

SEILLE : Seau, en bois en général. Voir l’expression : “Il pleut à seille”.

SERIN : humidité du soir. “dès le soleil couché, le serin humecte tout ce qui n’est pas abrité”.(mr)

SÉRRA : fromage maigre obtenu à partir du petit lait.

SIGNÔLE : manivelle, bruit persistant et lancinant, rabâcheur. (mr)

SOUFFLER : éteindre une lampe. “Y’a une lampe qui claire là à côté. Ils ont oublié de souffler leur lumière”. D’usage courant même pour l’électricité.

SOUPER : Repas du soir, dîner.

SOURATU : endroit désert et sinistre. (mr)

SUR : au dessus de ; “Quand il pleut sur Suisse, çà ne dure pas longtemps ici”.

T

TAILLER : S’en aller rapidement, fuir. “T’as vu, y z’ont taillé”.

TAISEUX : Silencieux, taciturne. “Les Grandvalliers sont taiseux, mais ils n’en pensent pas moins”.

TALVANNE : couverture en tôle des façades exposées à la pluie (ouest).

TAMBOURNER : battre du tambour pour annoncer une nouvelle. (mr)

TANE : Gouffre. “La tane de la Chaumusse est très profonde et correspond en résurgence à l’Enragé à 29 Km”.

TANT : Tellement, si . “Elle lui en a fait tant voir“.

TANT BIEN :  Tellement. “Y’a des gens, not’ nouveau curé, ils l’aiment pas tant bien“.

TARD : tard en âge ; “Il ont eu une fille sur le tard“.

TAUGNÉE : Raclée. “Le père, c’était les taugnées, il fallait que ça marche“.

TAVAILLON : “Minces planchettes de sapin qui, imbriquées, servent à couvrir les toits et revêtir les murailles”.(Définition de A.Bailly-La Carcasse et le Tord-Cou)

TAVAN : taon. (mr)

TEMPS (avoir meilleur) : Gagner du temps. “J’ai meilleur temps de…”,

TEMPS (dans le) : autrefois, jadis. 

TERRAIN : employé dans l’expression ; “c’est terrain” pour dire “c’est dépourvu de neige“. “Tu peux prendre ton vélo, la route est terrain“. (mr)

TICLET : Loquet d’une porte. .

TIERCELET : personne frêle, fragile.

TINTEBIN : Littéralement “tiens-toi bien“. Meuble rustique assurant les premiers pas d’un enfant. Le tintebin est composé de deux barres parallèles assemblées sur quatre pieds fixes. L’enfant, maintenu sous les aisselles par un cercle de bois avance et recule faisant coulisser son point d’appui entre les deux barres.(mr)

TIRER : Ressembler. ” Il tire de son père“.

TOPETTE : Petite bouteille à long col.

TOGNÉE : Raclée, correction, volée de coups.

TOQUER : Heurter, cogner. Dans l’expression très usuelle “Toquer à la porte“. “Il ouvrit la porte sans toquer“.

TORGNOLE : gifle

TOUT DRET : tout droit

TRACER : marcher vite ; “La Georgette trace tous les matins par les rues de Saint- Laurent“.

TRAINE : une épidémie ; “J’ai de la fièvre, c’est une traîne des temps de pluie“.

TRAPON : Trappe de cave.

TRÉBILLER : Vaciller. (mr)

TREMPE : mouillé ; ” Il a plut pendant que j’étais au bois, je suis tout trempe“.

TRIANDINE : bêche à dents utilisée pour arracher les pommes de terre.

TRIANGLE : chasse-neige ; “Les employés communaux ont attelé les chevaux pour passer le triangle dans les rues enneigées“.

TSANKROU : Chancre en patois, nom donné au diable. (A.Bailly-La Carcasse et le Tord-Cou)

U – V – Y

UGÈNE : pour Eugène. “L’oncle Ugène”

VANOTTE : petite corbeille d’osier ronde et conique permettant d’entreposer la pâte pour la faire lever avant la cuisson. (mr)

VERNE :  Aulne. 

VENIR : devenir ; “Il fait pas bon venir vieux“.

VENIR CONTRE : venir en direction de.VERS : Auprès de, chez (avec un nom de personne). “Il est vers la Paulette“. “Ma femme est ici, elle est vers moi“. Avec mouvement, “J’allais dans la classe de mon père. Après sa retraite, je suis allé vers M. Morel, son successeur“.

VERSE : “çà verse !” ; il pleut très fort.

VETTE : force ; “Tu n’as point de vette ce matin !”.

VIEILLERIE : Vieillesse. “C’est la vieillerie, ça !”

VIEUX (de) : il y a longtemps ; ” ça date de vieux…”

VIÔSSE : Sale bête ! Injure à un animal, et par extension, terme péjoratif en parlant d’une personne. “Sale viôce!”, “Elle est trop gâtée, cette gamine… quelle petite viosse celle-là ! “. 

VIOULE : casse-pieds.

VOIR : Renforce un verbe. “Dites-moi voir”.

VOURENDRET : Désormais. “On est vieux, vourendret, nous autres..” (A.Bailly-La Carcasse et le Tord-Cou)

Y A PAS : il faut ; “Y a pas, tu dois aller à l’école




Compléments

LE PATOIS par Marcel Roux

En plus de sobriquets attribués à chacun, les conversations étaient émaillées d’expressions et de mots, certains très courants, d’autres moins. Le patois n’est plus parlé par les jeunes depuis longtemps. Seules les vieilles personnes l’utilisaient encore entre elles.

L’Association des Amis du Vieux Saint-Claude a édité un glossaire du parler haut-jurassien. M. Marcel Roux y a retrouvé des termes qui lui sont revenus en mémoire.

Grand mère Rose parlait le patois seulement avec les personnes de son âge. Un patois local, sans doute tombé en désuétude si l’on considère qu’il a disparu des conversations, mais tout de même encore bien vivace puisqu’il se perpétue dans un certain nombre de mots ou locutions que les habitants du Haut-Jura, souvent inconsciemment utilisent dans la langue courante.

Comme le disent les Amis du Vieux Saint-Claude en pastichant quelque peu Lamartine : “Vieux mots inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à la notre et la force d’aimer” 

Larner :piller, voler
Le delon : lundi
Le demar : mardi
Le demercre : mercredi
Le dedzu : jeudi
Le devandre : vendredi
Le desam : samedi
Le demangne : dimanche
Le-hiaut : là-haut
Le-nan : là-bas
Liameu : en amont
Lie : elle ou lui
Louesia : purin
Ma : mauvais, le mal
Medzi : manger
Meillon : menu morceau, fragment
Metan : milieu
Mi : un peu
Midzor : midi
Mine : minuit
Min ne : le mien
Mir : miel
Moda : partir, se mettre en mouvement
Motse : mouche
Ne : nuit
Pe : poil, cheveux
Plodze : pluie
Quaqueran : quelque chose
Quation : quelqu’un
Quement : comme (I fâ quement me = il fait comme moi)
Queset : qu’est-ce
Rasse : pente
Ren : rien
Sa : sel
Seleu : soleil
Sereu : soeur

La langue est le ciment des actes ; non seulement elle les rend explicites, mais elle en conserve l’empreinte..Le contenu des faits culturels et le contenu de la langue ressortissent à des domaines d’exploitation scientifique différents, mais comme les deux faces d’un même objet ; il est impossible de pénétrer l’une sans aboutir à l’autre.  (André Leroy-Gourhan)

Ce dictionnaire a été construit à partir :

  • Du livre de J. Robez-Ferraris “Particularités du français parlé dans la région de Morez, Haut-Jura” Ed Ellug 1995. 
  • De divers lexiques du parler de Franche-Comté trouvés sur Internet. 
  • De la “liste des vieux mots utilisés dans le Grandvaux avec quelques mots de patois” de Marcel Roux édité lors de la manifestation “Patrimoines singuliers” (2005). Notés  (mr
  • Du “Glossaire du parler du haut-jurassien” par Paul Durafour, Alice et Roland Janod, Cathy Lorge et André Vuillermoz. Édité en 1986 par les Amis du Vieux Saint-Claude. 
  • De souvenirs personnels du “parler” de mes grand-parents et de Grandvalliers (Jean-Claude Mayet).

Nous attendons des Grandvalliers qui nous lisent un enrichissement de ce lexique